On m'avait dit que c'était un monde à part. C'est vrai. A chaque tour de roue des paysages époustouflants se dressent devant moi. Paysages majestueux, grandioses, couleurs diaphanes des fjords enturbannés de bandeaux neigeux, verts intenses de prairies ou de flancs de montagnes, cascades longues et joyeuses, pépites des maisons rouges plantées face à l'océan. Un vent frais jamais en repos fait rentrer leur tête aux passants.
En quittant Narvik j'ai du revenir sur mes pas pour prendre la route qui dessert les nombreuses îles qui composent les Lofoten. La plupart sont reliées par des ponts, superbes ouvrages d'art qui jettent des arcs harmonieux vers des hauteurs vertigineuses. Mais j'ai également pris le bac autant par plaisir que par obligation.
Sur l’île de Langoya j'ai roulé plein nord jusqu'au hameau de Nyksund. Deux minuscules îles ont été reliées entre elles pour former un petit port de pêche. Mais en 1970 le hameau se vide et un peu plus tard le hangar à poisson est détruit. Dans les années 80 un touriste tombe sous le charme de ce hameau du bout du monde et remue ciel et terre pour lui faire reprendre vie. C'est fait ! Il y a trois auberges et des petits bateaux dans le port. Tout est construit en bois de façon traditionnelle. Je suis invité par une petite famille Norvégienne à partager leur repas. Ils ont attrapé une grosses « morue », (du cabillaud), et n'arrivent pas à finir. Ce poisson a été cuit au four avec quelques oignons de tout petits morceaux de carottes, poivré et un filet d'huile. Un délice ! Un bonheur de passer une nuit dans un lieu comme celui là.
Ce sont des îles où la circulation se fait lentement. Les routes sont tortueuses, sans excès, il y a du vent, le soleil joue à cache cache avec les nuages, personne n'est pressé. Je descends vers l’île de Vestvagoy (ci-dessous).
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Il y a dans le bourg suivant -Kabelvag- une église du 19 ème appelée Cathédrale des Lofoten. Elles fut bâtie selon la volonté du roi de Norvège pour honorer les milliers de marins qui se réunissaient dans cette ville pour se louer sur les bateaux de pêche à la morue selon la saison.
Je suis la route qui longe la côte sud de l’île, et je passe sous d'immenses parois de pierre. Les photos sont dérisoires car elles ne cadrent qu'une petite partie du paysage. C'est superbe. Je continue de rouler jusqu'aux environs de Stamsund où je trouve un camping bondé. Je me case à coté d'une grosse caravane dont la clim bourdonne toute la nuit. Au matin je m'enfuis...sous la pluie.
Pas drôle du tout. Mais c'est la vie du voyageur. Dans la brume mouillée les fjords ont des allures mystérieuses. C'est romantique ? Je vais prendre un bac entre les îles de Stokmarknes et Slovaer. Je déjeune de gaufres à la crème et à la confiture sur le ferry. Ils ont dans ce pays une crème exceptionnelle.
Dans le minuscule village de Sund quelqu'un a eu l'idée de monter un musée (ci-dessus) réparti entre plusieurs maisonnettes avec tous les vieux objets qui traînaient ou étaient récupérés sur les bateaux désarmés. Certaines pièces tiennent un peu du bric-à-brac mais témoignent de façon émouvante et amusante d'une façon de vivre au début du siècle quand l'activité rémunératrice venait de la pêche des baleines.. Il y a un moteur Brunvoll de 1950 descendu d'un chalutier qui tourne imperturbablement et anime le site de son tac tac régulier. C'est un monocylindre très lent. Je salue la présence d'un casque de scaphandrier qui trône au dessus d'une vertèbre de baleine et un vieux standard téléphonique.
Je continue jusqu'à Reine. Partout des Rorbuer. Ce sont des cabanes de pécheur construites en bois, sur pilotis pour permettre l'accostage du bateau quelle que soit la marée. Le mot vient de ror, ramer et bu, petite maison. Ces cabanes étaient à l'origine d'un confort rudimentaire. Ce sont maintenant autant des lieux de vie (que l'on peut louer aux touristes) que des lieux de travail, avec l'équipement pour armer, charger et décharger la pêche du bateau.
Je pousse jusqu'au village de A I Lofoten. Vous avez bien lu ça s'écrit juste avec la lettre A. C'est un village du bout du monde. La route s’arrête sur un parking. Le village a été réaménagé pour les touristes...C'est bien car il ne meurt pas.
Je vais prendre le ferry entre Moskenes et Bodo. J'arrive deux heures avant l'appareillage, le parking est déjà plein et le préposé m’indique que il n'est pas certain que j'aie une place. Il y a des CC gros comme des camions...On verra bien. Je sympathise avec des motards italiens. L'un roule en 750 Honda à boite automatique. Ils ont des poignées chauffantes et des protège-main, mais quand il fait froid ce n'est jamais parfait. Ils ont vu le soleil de minuit au cap nord par très beau temps. Nous partageons nos photos en buvant un café au cul du Patrol. Les bourgeois en camping-car n'ont jamais invité personne à monter dans leur cube en plastique...
Finalement je peux grimper dans le ferry qui nous dépose trois heures plus tard sur le quai de Bodo. Le gps me guide jusqu'au camping.
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