Depuis que j'ai quitté la montagne sèche et glaciale où passe le cercle polaire, la route est descendue à une altitude plus basse et traverse des fonds en prairies verdoyantes. Elle se faufile le long de gigantesques plissements au fond desquels court une eau tranquille. Tout autour les sommets restent dénudés et enneigés. Puis insensiblement le paysage change. Tout est plus vert, le relief s'adoucit. J'arrive au nord d'une faille beaucoup plus large, c'est le lac Snasavatnet qui est une vingtaine de mètres au dessus du niveau de la mer.
A la fin de la dernière glaciation, soit 10,000 ans avant notre ère, l'écorce terrestre des pays nordiques s'était fortement abaissée sous le poids de l'Islandis, le grand glacier qui avait couvert l'Europe du Nord. A cette époque le fjord de Tronheim pénétrait jusqu'à Snasa et communiquait avec le fjord de Namsos. La plus grande partie des terres habitées et cultivées aujourd'hui constituaient alors le fond du lit du fjord. Sur ce fond se sont déposés les matériaux transportés par les glaciers qui constituent maintenant des sols fertiles.
Vers la fin de la fonte du grand glacier, l'écorce terrestre a répondu à l'allégement de son fardeau de glace en se relevant très lentement. Le relèvement a atteint sa vitesse maximum après le dégel des glaces : 60mm par an jusqu'à 8500 ans avant notre ère. Aujourd'hui ce mouvement se poursuit mais il est limité à 3 ou 4 mm par an.
Je quitte la route E6 pour prendre l'ancienne voie, la route 73, qui me permet de visiter le site de Bolareinen. Sur une paroi rocheuse quasi verticale on peut distinguer des gravures rupestres datées d'environ 6000 ans, âge de la pierre taillée. Il y a là un renne, un peu plus loin un ours, peu visible, une oie et même un skieur. Elles ont été découvertes à l’occasion des travaux de terrassement pour la création de la voie ferrée dans les années 20. Leur état de conservation est médiocre car elles subissent le passage de l'eau d'un torrent et ont forcément souffert des activités humaines.
Ces gravures prés de la rivière Bola ont été taillées dans le roc il y a 5 à 6000 ans. Les habitants de cette époque vivaient de la pêche, de la chasse, de la cueillette des plantes et du ramassage des racines. Quand ces gravures ont été réalisées, le lac faisait probablement partie du fjord de Trondheim. Les interrogations sur le pourquoi de ces gravures sont partout les mêmes : moyen magique pour une chasse réussie ? Indication d'un lieu giboyeux ? Elles avaient nécessairement une fonction sociale, peut être de support de mythe ou de marquage d'un lieu sacré. Elles sont de grande taille, le renne mesure 1,80M et le skieur 1,60M.
Fjord de Trondheim |
La ville de Trondheim est assez amusante car la partie ancienne se situe sur une île. C'est la troisième ville de Norvège. Son histoire se confond avec celle des Vikings. C'est la dynastie des OLAV qui en est le fil directeur.
Un certain Olav Trygveson passa une partie de son enfance en esclavage en Estonie puis à Novgorod. Il se rattrapa ensuite en pillant aux quatre coins de la Baltique jusqu'à ce qu'il se convertisse au christianisme. En 995 il fit valoir ses droits sur la couronne et fonda Trondheim en imposant la religion chrétienne à tout le pays.
Son descendant Olav II fut baptisé à Rouen (entre deux méfaits) et resta roi de 1015 à 1028. Sa politique ne fut pas appréciée et il fut exilé à Kiev. En 1030 il perdit la vie en tentant de reconquérir son trône. Mais par un curieux retour de l'histoire il fut considéré comme un saint et canonisé en 1031 ! Dés lors la ville attira des pèlerins et devint une importante résidence royale. Et Olav est devenu le saint patron de la Norvège.
La cathédrale fondée au 11 ème siècle a été élevée pour abriter les restes de St Olav. Ses éléments les plus anciens datent du 12 ème. Malheureusement elle fut détruite par plusieurs incendies mais toujours reconstruite. Le chœur de forme octogonale date du 13 ème comme la nef. Il aurait été copié sur celui de Canterbury. C'est ici que les rois de Norvège se font introniser, ce qui est assez étonnant car l’église est dédiée au culte catholique dans un pays à majorité Luthérienne.
Autour du déambulatoire on remarque des sculptures très travaillées. La salle du chapitre date du 12 ème. Le style est cistercien.
Une icône russe du 16 ème se trouve au fond du transept droit.
| |
|
Les entrepôts qui bordent la rivière Nidelva ont été construits dans les années 1700. Ils ont bien entendus brûlé puis ont été reconstruits. Les bâtiments que nous voyons aujourd’hui sont des rénovations particulièrement réussies affectés dans leur majorité à usage d'appartements ou de bureaux.
Trondheim, les entrepots |
Il y a dans cette ville un je ne sais quoi de tranquille et nonchalant. On profite des rayons de soleil du soir pour promener les enfants, s'asseoir sur un banc...
art de vivre |
J'ai le sentiment que la partie « nordique » de mon voyage s’achève ici. Mon dos et mes jambes sont douloureux, mes yeux remplis d'admiration devant les beautés de la création. Je peux rentrer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire