Route vers le sud

parc national

vers Storen

Je quitte Trondheim sous un ciel de plomb, mais il fait doux. La route escalade un massif de plus en plus sec et venteux et j’arrive à 1000M d'altitude. Il y a des rafales de vent à 30 km/h. Je m’arrête longuement pour admirer les massifs enneigés du parc national Dovrefjell-sunndalsfjella Nasjonalpark qui sont sur l'ouest de la route.

Puis la route redescend sur Dombas, ville étape construite autour de vastes stations service et de magasins. Je songe -faisant référence au livre « Paris Cap Nord en 2CV » que dans les années 60 parcourir cette route en 2CV devait relever de l'abnégation. Maintenant le tracé est excellent et nous avons des chevaux sous le capot.

 

Quoique il faut faire très attention, car un émule de sarko a parsemé la route de radars hauts perchés. Souvent la vitesse est limitée à 70, voire moins. Mon Patrol n'est pas un cheval de course mais en descente est capable d'atteindre ces vitesses là. Je me méfie car je me suis enregistré sur un site (autopass.no, visitors'payement) qui permet de passer les péages en étant automatiquement débité sur sa carte bancaire. Et big brother ayant connecté tout ça je n'ai pas envie de me voir débiter de sommes folles. D'autant plus que la Norvège est un pays où la vie est épouvantablement chère et ce sera la seule réserve, mais de taille, que je ferai sur sa traversée.

A une soixantaine de km avant Lillehamer se trouve en hauteur la Ringebu stavkirke, c'est à dire l'église en bois debout de Ringebu. C'est l'une des 28 restantes sur le millier qui avaient été construites au moyen âge.

Rappelons que la Norvège est devenue Chrétienne aux environs de l'an mil. C'est de ce moment jusqu'en 1537 que ces églises ont été construites. En effet la Norvège est ensuite passée au protestantisme qui n'a pas continué à construire ce type d'édifice. La Ringebu stavkirke après avoir appartenu au culte catholique appartient maintenant au culte protestant.

La particularité des églises en bois debout tient à leur construction : des poteaux en bois corniers, entre lesquels sont interposés des panneaux de planche verticaux, le tout encastré dans de grosses poutres horizontales. Les assemblages se font par encastrement. Ni cheville ni clou ne sont utilisés. Les croix de saint André et les arcs de plein cintre servent de contreventement et consolident la construction. Il ne reste de l'église en bois debout originale que que la nef centrale avec ses poteaux caractéristiques.

L’église fut construite au moment de la transition de l’ère païenne à l’ère chrétienne. On en retrouve le témoignage dans plusieurs églises où, ce que l'on croit être d'anciens dieux nordiques, sont peints en haut des poteaux à hauteur du plafond. On a aussi retrouvé deux inscriptions en écriture runique, deux figures animales de petite taille et deux figures humaines gravées sur les parois, messages mystérieux qui nous viennent du passé.

La porte originale était étroite afin d’empêcher le passage des mauvais esprits. Et des têtes de dragons posées à l'entrée avaient la même fonction. La aussi on peut y voir la résurgence de croyances de l'époque pré-chrétienne.

La méthode d'ancrage des premières églises était assez simple : les poteaux étaient enfoncés directement dans le sol et pourrissaient assez rapidement ce qui entraînait une durée de vie très courte des bâtiments, de l'ordre de 100 ans. Par la suite la construction débuta sur une panne sablière basse posée sur des fondations en pierre.

Ringebu stavkirke ci-dessus : fonts baptismaux ci-contre : rétable

Cet édifice entouré d'un cimetière d'herbe bien verte à une grâce, une élégance qui lui est propre.

Je poursuis ma route jusqu'à un camping où je loue la dernière hutta libre. Il est essentiel de reposer mon dos.