mercredi 8 juin 2016

Géopolitique de la mer Baltique

 

La mer Baltique apparaît depuis quelques mois comme une nouvelle zone de friction entre la Russie et l'Otan. C'est un espace maritime bordé par neuf pays, où se croisent la Russie (en deux territoires, Saint Petersbourg et l’enclave de Kaliningrad) et l’Union européenne. Cet espace quasi-fermé n’est reliée à l’océan Atlantique que par un détroit dano-suédois, l’Øresund, et deux détroits danois, les petit et grand Belt. Cette mer intérieure est peu profonde (moyenne 56 m) et de faible salinité, le taux de renouvellement des eaux y est particulièrement lent, environ 30 ans pour la totalité du volume aquatique.

Aujourd’hui, 15 % du fret maritime mondial – soit plus de 800 millions de tonnes de marchandises – et 150 millions de voyageurs transitent par cette zone. Majoritairement tournée vers le transport d’hydrocarbures et de conteneurs, elle s’est accompagnée du développement de ports pétroliers russes et de la multiplication de projets de connexions sous-marines : gazoduc Nord Stream qui relie Vyborg (Russie) à Greifswald (Allemagne) ou câbles à fibre optique entre l’Estonie et la Finlande.

ferry et croisieres à TallinAu plan écologique la situation est préoccupante. Outre qu'elle est le déversoir naturel de fleuves en provenance de l’Est, la mer Baltique est polluée par les activités humaines comme l’immersion de grandes quantités de déchets – des explosifs et armes chimiques après les deux guerres mondiales ou encore des gaz paralysants et des déchets radioactifs. La pollution atmosphérique est tout aussi importante : le trafic maritime commercial contribue autant aux émissions d’oxydes d’azote que la Suède et la Finlande réunies.

Sur l’ensemble des pays riverains, six sont membres de l’OTAN et huit appartiennent à l’Union Européenne. Tous sont cependant réunis au sein du Conseil des États de la mer Baltique (CBSS), forum de coopération régional créé en 1992 auquel participent également l’UE, l’Islande et la Norvège.

cygne blanc bombardier stratégique russeLa Russie considère la mer Baltique comme faisant partie de sa zone de sécurité, ce qui explique la préoccupation de Moscou face à l'élargissement de l'Otan et fait l'objet d'une attention particulière de la part des États-Unis. Cet espace maritime abrite la flotte russe de la Baltique à Baltiysk et Kronstadt. Or sous la pression des américains les politiques de défense et d’équipement de la Suède, de la Finlande, du Danemark et de la Pologne évoluent : renouvellement de la flotte sous-marine suédoise, mise en service de frégates danoises (et norvégiennes) – capables de mettre en œuvre des systèmes anti-missiles balistiques –, l’accueil par la Pologne de capacités terrestres semblables, de l’acquisition d’hélicoptères anti sous-marins (NH90 en Suède et Norvège) ou encore du remplacement des F-16 danois et norvégien par des F-35 Joint Strike Fighter, toutes ces décisions politiques irritent Moscou.

Je cite ci-après un article paru dans Ria Novosti :

https://fr.sputniknews.com/international/201606061025625554-lavrov-russie-otan/

La Russie n'attaquera jamais un pays de l'Otan, tous les politiques responsables le comprennent, affirme lundi 6 juin 2016 le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Nous n'avons aucun projet de ce genre. Je pense que les responsables de l'Otan le savent parfaitement, mais ils se servent de la situation pour déployer plus de matériel et de bataillons comme garantie que les États-Unis continueront de garder un œil sur toute cette clairière", a indiqué le chef de la diplomatie russe.

M. Lavrov a également souligné que Moscou qualifiait "la poursuite de l'expansion de l'alliance vers l'est" de menace principale.

"Notre attitude envers l'expansion de l'Otan et l'expansion du soi-disant programme de partenariat de l'Otan avec le déploiement d'infrastructure militaire à nos frontières n'a pas changé (…). Nous ne considérons pas comme une menace la seule existence de l'Otan mais la manière dont l'alliance militaire fonctionne dans la pratique", a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Selon lui, "les analystes sérieux ne doutent pas que l'alliance a maintenant sauté sur l'occasion créée par le coup d’État en Ukraine pour donner un nouveau sens à son existence".

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