En Quittant Riga la route part vers l'Est puis remonte vers le nord selon un cap qui ne variera plus jusqu'à Tallin. Sur plusieurs kilomètres elle longe la mer Baltique et je me fais un plaisir de toucher le sable clair , très fin en bordure de plages immenses mais battues par un vent froid malgré le soleil éclatant. L'Estonie est le pays d'Europe où il y a le plus d'arbres par habitants...
Varbola Linus rempart reconstitué | le puits |
Je m’arrête sur un petit site archéologique perdu dans la forêt, appelé Varbola Linus. Des fouilles ont mis à jour le plus grand centre fortifié d'Estonie. Il couvre à peu prés 2 hectares, est clos par un mur de trois mètres de haut construit en pierres renforcées de troncs d'arbre fichés verticalement. Ce mur faisait une dizaine de mètres en son point le plus haut. Sa création remonterait au début de la chrétienté. Au centre se trouve un puits maçonné d'une dizaine de mètres de profondeur. Je parcours tranquillement ce site en pensant qu'il y a plusieurs millénaires une population vivait ici, se protégeait du climat et des bêtes féroces loups et ours en construisant un rempart. Puis cette population a disparu et il a fallu les hasards de l'histoire pour que ce lieu soit retrouvé.
Tallin brille sous le soleil et un vent du nord très froid balaye les rues. J’entame la visite de la ville par ses exceptionnelles fortifications. Elles se justifient par l'histoire mouvementée de ce petit pays. Il y a 13.000 ans au fur et à mesure que les glaciers se retirent vers le nord (déjà le réchauffement climatique) les tribus finno-ougrienne occupent ce territoire. Mais Suédois et Norvégiens remontent les cours d'eau, se dirigeant vers le cœur de la Russie, pillant et volant au passage. Vers 1200 la population s'est organisée dans des villages fortifiés.
La christianisation de la région va voir s'installer les Danois au nord et les allemands au sud. Le nom de la ville semble provenir de taani, Danois et linn, ville. Et avec eux le commerce de la ligue hanséatique qui voit dès 1248 les commerçants de Lübeck et Hambourg s'installer à Tallin.
L'histoire du pays n'est ensuite qu'une succession d'influences et d'occupations étrangères. En 1710 les russes conduits par Pierre le grand conquièrent le pays. La présence russe durera jusqu'en 1918, date à laquelle l'Estonie devient indépendante. Cette indépendance durera jusqu'en 1941. Les troupes de Staline occupent le pays et déportent massivement les habitants. Mais ils sont chassés par les nazis qui resteront pendant trois ans. Avant que le régime soviétique ne s'installe à nouveau jusqu'en 1991. En août 1991 l'indépendance est votée à l'unanimité par les députés Estonniens. Et en 2004 ce pays rejoint l'Union Européenne.
Les fortifications de Tallin furent d'abord en bois puis au moyen age remplacées par des remparts flanqués de tours. Les remparts de Tallin mesuraient 16m de haut sur 3 m de large et couraient sur 3 km. Il ne reste aujourd'hui que 27 tours sur les 66 qui existaient.
Elles nous permettent de comprendre que jusqu'au 15 ème siècle les architectes militaires privilégiaient la construction de tours hautes qui rendaient leur capture difficile. Elles permettaient un tir à longue distance et dissuadaient l'ennemi de les escalader. Immédiatement devant les murailles un fossé rempli d'eau avait pour fonction d’empêcher la construction de tunnels pouvant venir sous les tours.
Derrière ce qui reste des remparts s'étend la vielle ville qui est un délice de constructions moyenâgeuse et renaissance comme le montrent les innombrables porches en pierre.
La place de l'ancienne mairie couronnée par un amusant beffroi (ci-dessus) , est le centre de la ville où convergent toutes les rues. Ce fut, à partir du moment où la ligue hanséatique accorda le droit de commercer avec les cités de la ligue, le centre de la vie municipale et économique. On remarque sur la façade deux têtes de dragon en métal, symboles de prospérité !
Rue Pikk (ci-dessus) un bonhomme accoudé tout en haut du toit d'une maison observe les chalands, à moins qu'il ne surveille le bâtiment de la guilde Saint Canut (ci-contre). Cette corporation médiévale rassemblait les artisans de la ville. Sur la façade de cette guilde Luther et St Canut ont l'air absorbé par leur conversation.
La ville est dominée par un plateau auquel on accède par des venelles. On y découvre le palais du gouvernement à la façade baroque peinte en rose devant lequel est érigée la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski (ci-contre). Elle a été bâtie sur ordre d'Alexandre III en 1894. On estime que 40% de la population de Tallin est russe.
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