La route au sortir de Kandalakcha offre de magnifiques coups d’œil sur la Mer Blanche et une multitude d’îles. J'arrive à Oumba où j'ai l'intention de compléter mon plein de gaz oil, car ensuite il n'y a plus de stations. Je m'aventure en ville, c'est une presqu’île, jusqu'à ce que on m'indique que l'unique station est en entrée de ville bien cachée derrière un rideau d'arbres. |
Alors que je remplis mon réservoir, je suis rejoins par une dame qui m'explique que la ville de Oumba (◄ci-contre) est interdite aux étrangers et que je risque de gros ennuis en y allant. Elle me donne forces conseils étant gérante d'un tour opérator local. Il doit y avoir des raisons dues au complexe militaro- industriel et je n'ai pas l'intention de me mettre dans des ennuis. Il y a un panneau qui explique ça que je n'ai pas vu. Dommage car le guide signale un intéressant musée. Mais je peux aller sur Varzouga sans problème, Ouf ! la route à prendre contourne Oumba. Il me reste 140 km à faire. Je m’arrête un peu plus tard pour pique niquer en bordure de mer. Le vent marin ne permet pas aux moustiques de rester et il y a moins de mouches qu'à l'intérieur des terres. Je reprends la route dont le revêtement est de moins en moins bon. De multiples rivières venant du nord viennent se jeter dans la Mer Blanche. Comme je redescends légèrement vers le sud je repasse le cercle polaire arctique (ci-contre ►) !
En roulant vers l'est de la presqu’île de Kola, je songe que les premiers habitants s'établirent ici, dans le nord de la Russie au 4 ème millénaire AVJC. Ils ont laissé de mystérieux pétroglyphes et des labyrinthes de pierre comme à Solovsky.
Bien plus tard les russes de Novgorod se lancèrent dans des expéditions vers les côtes poissonneuses de la presqu'ile de Kola. C'est ainsi que furent fondées des villes comme Kandalakcha, Oumba et Varzouga. Ces colons russes surnommés les « pomors » habitants de la côte développèrent un dialecte particulier qui survit encore.
Une quarantaine de kilomètres avant Varzouga la route est défoncée par des travaux de rénovation. Je n'ai pas eu une piste aussi dure depuis la Mongolie ! Le village de Varzouga est situé sur les deux rives de la rivière Varzouga à 22 kilomètres de son embouchure dans la Mer Blanche. La rive gauche du village, la plus ancienne, porte le nom de Saint-Nicolas et la rive droite celui de l'Assomption, du nom des églises qui s'y trouvent.
Après la chute de la république de Novgorod en 1478, la côte de Ter entre sous le pouvoir des princes de Moscou. Varzouga devient une « volost », c'est-à-dire une communauté rurale. Les terres (champs et prés) sont partagées entre la communauté rurale elle-même, différents monastères et quelques propriétaires.
Le monastère des Solovki joue un rôle primordial dans la région. Il a fait construire une dépendance à Varzouga, possède les droits de pêche du saumon dans le fleuve, et fait construire en 1491 une église de bois consacrée à saint Nicolas, protecteur des pêcheurs. La Varzouga est libre de glaces de mai à octobre.
Au début du XVIIe siècle, le village était devenu propriété des monastères des Solovki et de Novospasski; mais ces droits sont abolis en 1764 par Catherine II qui confisque dans tout l'Empire les terres des monastères. Toutes les terres du village passent à la communauté paysanne dans son ensemble, sans propriété individuelle.
La révolution de 1917 ne change pas grand chose à l'organisation économique du village. Ce n'est qu'en 1930 que quatorze familles se réunissent en kolkhoze.
J'avais l'intention de dormir dans ma tente de toit mais les attaques incessantes de gros moustiques et les nuées de mouches me dissuadent. En posant la question à l'unique « magasin » du village on me confirme qu'il n'y a pas de gostinitsa mais qu' une dame loue des chambres. Effectivement une dame affable m'explique qu'elle fait faire des travaux dans sa maison en bois pour recevoir des touristes, et voilà j'ai un lit à l'abri des moustiques pour ce soir. En plus elle m'offre une succulente soupe et des tranches de saumon pannées, un délice .
L'église Saint-Athanase se trouve aussi sur la rive droite à quelques pas de la première. Elle est consacrée à saint Athanase le Grand et fut fondée par le monastère des Solovki à la fin du XVe siècle. L'église actuelle date de 1854. Elle a été fermée par les autorités communistes en 1932, pour en faire un atelier de couture, puis le club du village. Elle est retournée au culte en 1999. C'est l'église du village où les liturgies sont régulièrement célébrées. Son intérieur est très particulier car elle renferme deux églises qui ont chacune leur iconostase asymétrique.
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